Interview de Atsushi Ohkubo

Dans le cadre du Salon du Livre de Paris qui se tenait Porte de Versailles du 13 au 18 mars 2009, les éditions Kurokawa - la branche manga de Fleuve Noir - avaient invité Atsushi Ohkubo, l'auteur de Soul Eater pour lancer le titre en grandes pompes. À cette occasion, le jeune mangaka s'est bien volontiers plié au jeu des séances de dédicaces et d'interview. Mangavore.fr l'a rencontré pour parler de son parcours et de son oeuvre.

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Rencontre avec Tetsuya Tsutsui

À l'occasion du Salon du Livre de Paris qui se tenait du 23 au 27 mars 2007 à Porte de Versailles, les éditions Ki-oon nous ont fait l'immense bonheur d'inviter Tetsuya Tsutsui, jeune auteur phare de leur catalogue. Pas prétentieux pour un sou, le jeune homme a accepté de nous rencontrer en compagnie Cécile et Ahmed (de Ki-oon, faut suivre enfin !) pour un entretien où nous sommes revenus sur sa carrière et les oeuvres marquantes que sont Dud's Hunt, Reset et Manhole.

Tout d'abord, bonjour M. Tsutsui.

Bonjour.

Pourriez-vous vous présenter pour les lecteurs français qui ne vous connaissent pas encore ?

Je m'appelle Tetsuya Tsutsui. Je n'ai pas encore sorti de “gros titre” au Japon, mais je suis super fier que les lecteurs français aient adopté mes œuvres aussi facilement.

Justement revenons sur votre parcours un peu. Pouvez-vous nous parler de vos influences graphiques et scénaristiques ?

Pour ce qui est du dessin, je me suis inspiré de Kamui Fujiwara (Raika, Dragon Quest - Emblem of roto) et de Katsuhiro Otomo ; pour ce qui est de la construction des histoires elle-même, ma référence absolue est Osamu Tezuka.

Comme vous le disiez, vous n’avez pas encore sorti de blockbuster au Japon, pourtant vous êtes déjà édité à travers le monde. Comment s'est passé la rencontre avec l'éditeur Square Enix ?

La grosse différence, c'est qu’avant d'avoir signé mon contrat avec Square Enix, je dessinais des mangas purement par plaisir. Je me réveillais la nuit avec une idée qui me turlupinait, je ruminais un certain nombre de choses que je n’aimais pas dans la société, et je dessinais des mangas sur ces thèmes. Depuis que je suis sous contrat avec Square Enix, j’ai toujours du plaisir à le faire mais c'est devenu un métier.

Vos œuvres sorties mettent en scène des personnages en proie aux dérives de la société. Est-ce un parti pris scénaristique ou une volonté de dénoncer ? Êtes-vous un auteur engagé ?

Je ne me considère pas comme un auteur engagé. Je n’ai pas l'intention d’être un donneur de leçon. Quand j’écris mes œuvres, c'est juste pour faire un constat sur la société japonaise telle que je la vois. Et en gros quand je donne le manga aux lecteurs, je veux leur dire : “Voilà mon idée de la société japonaise en ce moment, qu'en pensez-vous ?” C'est plus un constat que de la morale. C'est mon ressenti de la société japonaise.

Vos trois œuvres publiées en France ont un titre en anglais, c'est volontaire ?

Il n'y a pas de sens caché derrière tout ça. Comme vous le savez, il y a beaucoup d'anglicismes en japonais. Reset et Manhole sont des mots courants dans cette langue. Pour moi, ce sont des expressions usuelles, je ne les ai pas choisies pour une raison particulière.

Vos histoires sont ancrées dans le quotidien, est-ce un peu votre signature ou pensez-vous essayer d'autres genres comme la fantasy ?

Pour le moment, la fantasy n'est pas un genre qui m'intéresse spécialement. De nombreux mangaka talentueux s’y consacrent, je ne vois donc pas de raison de me pencher dessus. De plus, la plupart de mes idées me viennent du quotidien et de ce que je vis. Je vais donc continuer sur cette ligne moderne pour l’instant.

Comment s'est passée la rencontre avec Ki-oon ?

Ki-oon : En fait, nous sommes tombés sur son site Internet et nous avons trouvé son travail magnifique. Du coup, nous avons décidé de le contacter directement afin de savoir s’il était intéressé par une publication à l'étranger. Il a répondu à notre mail en nous disant qu'il était séduit et voilà. À cette époque, il commençait à peine à travailler pour Square Enix sur Reset.

Vous êtes encore un jeune auteur et pourtant vous êtes déjà publié dans de nombreux pays comme la France, l'Italie, Hong Kong, etc. Comment gérez-vous cet essor ? Avez-vous l'impression d'avoir changé ?

À la base, j'ai commencé ce métier par plaisir et je ne pensais pas qu’autant de personnes pourraient apprécier mon œuvre à travers le monde. Pour le moment, je me contente d’apprécier la chance que j’ai à sa juste valeur.

Le métier de mangaka est très difficile : rythmes de travail infernaux, peu de repos, peu de vacances… Maintenant que vous êtes chez un gros éditeur, si vous en aviez l'opportunité, seriez-vous prêt à travailler sur une grosse série hebdomadaire ?

J'ai un style de travail assez particulier car je pense mon scénario dans son intégralité avant de le dessiner puisque j’écris plutôt des histoires courtes. Le processus de prépublication d'un chapitre par semaine où l'intrigue peut durer 2 ans et s'allonger selon l'envie de l'éditeur ne me correspond pas vraiment. Éventuellement, je pourrais écrire une trame précise, prendre de l’avance et fournir ensuite à mon éditeur un chapitre chaque semaine. Mais de manière générale, le rythme hebdomadaire ne correspond pas à ma conception du travail de mangaka.

Pouvez-vous nous parler de vos prochains projets ?

Mon prochain sujet sera quelque chose de plus sérieux. Il ne s’agira pas d’une histoire d'action ou d'horreur mais plutôt d'un documentaire. Ce sera sur un phénomène qui a eu lieu dans les années 50 aux États-Unis au moment du Maccarthisme, le « comic bashing ». À l’époque, les politiciens critiquaient beaucoup la bande dessinée américaine, pour eux si les choses allaient mal, c'était à cause des comics. C'est un sujet qui m'intéresse beaucoup donc je vais me pencher dessus.

Un petit mot pour vos fans français ?

C'est la première fois que je viens en France et je suis content de rencontrer le public français. Je prends conscience d’énormément de choses et j'espère que mes prochaines œuvres ne vous décevront pas !

Merci pour votre temps.

Interview du directeur de collection de Kana

Yves Schlirf

Rencontre avec Yves Schlirf, directeur éditorial de Kana, le label manga de l'éditeur belge Dargaud qui publie des titres aussi célèbres que Naruto, Saint Seiya - Les Chevaliers du Zodiaque ou encore Samurai Deeper Kyo.

Q : Pourriez-vous nous présenter votre politique éditoriale ?

Yves Schlirf : Vous trouverez déjà pas mal d'infos sur le site Kana, dans la rubrique édito Kana, politique éditoriale et dans le who's who de Yves Schlirf, directeur éditorial de Kana.
Kana s'est construit autour du shônen manga, un créneau qui était totalement libre à ce moment-là. La collection Kana comporte plusieurs labels : Shonen Kana, Shojo Kana, Dark Kana, Big Kana et Animé Kana.

Q : Avec l'arrivée en nombre de nouveaux éditeurs et près de 40% de sortie en plus par mois, d'après vous, le marché résiste-t-il bien ? Augmente-t-il ?

Y.S. : Oui, c'est assez impressionnant. Le marché résiste bien pour l'instant mais cela pourrait devenir tangent.
Kana est maintenant co-leader avec Glénat du marché manga, nous occupons chacun à peu près un tiers du marché.
Le marché a augmenté de 87 % par rapport à 2002 et est encore en train d'augmenter en volume.

Q : En avez-vous souffert ? Quelle est votre réaction face à ceci ?

Y.S. : Non, 2003 a été une excellente année pour Kana. Mais ma réaction face à cela est : attention ! Le marché est encore nouveau et cette nouvelle vague manga séduit de plus en plus d'éditeurs, c'est presque un nouvel eldorado où chacun veut sa part du gâteau. Certains éditeurs, qui dénigraient pourtant le manga jusqu'ici projettent maintenant d'en publier.
Il y a un vrai risque de voir le marché s'encombrer et étouffer. Seuls les bons éditeurs qui publient de bons livres pourront s'en sortir en définitive. Mais jusque là, on risque de voir apparaître plein d'éditeurs qui font n'importe quoi, n'importe comment et donc que le manga en général en pâtisse.

Q : Quels seraient, selon vous, vos atouts et aussi vos défauts pour affronter la rude concurrence qui s'annonce ?

Y.S. : Kana est présent depuis déjà quelques années et sa notoriété est très bonne.
Notre catalogue comporte de nombreux grands mangas, "Saint Seiya les Chevaliers du Zodiaque", "Hunter X Hunter", "Yu-Gi-Oh!", "Naruto", "Shaman King", etc.. Ils furent et restent des succès au Japon et ont souvent été adaptés en animé avec tout autant de succès et ce, au Japon, aux USA et en France... et ce n'est pas fini !
Kana est vraiment basé sur l'amour des mangas et des auteurs japonais. Nous avons pour eux un très grand respect et tout notre travail s'en ressent, je pense. Notre démarche est vraiment sincère et non pas uniquement dirigée par des motivations commerciales.

Q : Pensez vous que la prépublication soit viable en francophonie actuellement ? (Shônen collection, Tokebi mag et bientôt le Magnolia)

Y.S. : Développer un magazine coûte énormément d'argent, il faut donc des moyens financiers très importants. Et quand je parle de magazine, je ne pense pas à une simple compilation d'extraits de mangas mais à un vrai magazine qui contienne du rédactionnel.
Donc, si ces éditeurs bénéficient d'un bon soutien financier et qu'ils se donnent les moyens d'aller au-delà de la vague actuelle où le manga est à la mode et au centre de toutes les attentions, alors oui, ils seront viables.

Q : Que pensez-vous de l'exigence de respect du sens de lecture original, de l'utilisation de la couverture originale et du problème des onomatopées qui sont autant d'exigences des fans envers les versions francophones ?

Y.S. : Kana édite depuis le début dans le sens japonais et, en quelque sorte, nous avons servi de mètre étalon pour le marché! Les éditeurs japonais ont admiré notre façon de faire pour ensuite l'imposer aux autres éditeurs francophones!
Nous revendiquons vraiment l'édition dans le sens original car éditer un livre c'est d'abord le respecter et donc forcément tout faire pour que notre version se rapproche le plus possible de l'original. Respecter le sens de création du manga est donc quelque chose d'essentiel.
De même, la jaquette fait partie de l'habillage du manga au Japon, il nous semblait donc également naturel de garder cet élément même s'il fallait pour cela bousculer des idées reçues, des habitudes.
En ce qui concerne les onomatopées, elles ne sont pas seulement une indication sonore du manga, elles constituent de vrais éléments graphiques. Les enlever signifie donc que l'on casse la dynamique de la page, le rythme visuel et narratif de l'ensemble. C'est pourquoi, nous les laissons dans la page sans pour autant pénaliser les lecteurs qui ne peuvent pas les "lire" en plaçant une traduction bien intégrée à proximité.

Q : La demande pour les mangas de type « seinen » augmente, pensez-vous satisfaire ce public actuellement et que prévoyez-vous pour le futur ?

Y.S. : Kana a déjà "Monster", le summum du thriller, "Arms", et "Agharta" deux séries de qualité également. Nous en avons d'autres en préparation mais comme vous le savez les éditeurs japonais n'aiment pas que l'on vende la peau de l'ours avant de "l'avoir signé". Nous n'en dirons donc pas plus mais c'est en effet un des labels que nous voudrions développer sans perdre de vue notre label central, constitutif de Kana: le shônen.
Le fait que plus de seinen apparaissent, ce n'est pas plus mal, cela apporte plus de diversité et donne un meilleur aperçu de l'énorme production japonaise mais de nouveau il ne faut pas non plus que cela mène à l'embouteillage où tout le monde tourne en rond.

Q : Quel titre publié par un de vos concurrents auriez-vous aimé avoir dans votre catalogue ?

Y.S. : Citons "Les trois Adolf" de Tezuka", "20th Century Boys" de Urasawa et "Nana" de Aizawa qui sont chacun dans leurs genres de grande réussites.

Q : Comment choisissez-vous les titres que vous décidez d'éditer ?

Y.S. : Comme nous l'avons expliqué sur le site, nous nous plongeons dans la presse spécialisée japonaise, nous lisons des tonnes de mangas. Nous nous rendons également au Japon régulièrement, tâter le terrain, visiter les éditeurs, les librairies.
La première sélection est de type visuelle, on est attiré par un graphisme. Ensuite, on demande un résumé du tome et on approfondit les choses de plus en plus jusqu'à être convaincu qu'il faut absolument l'éditer. En outre, je ne désespère pas un jour d'apprendre le japonais…

Q : On a eu l’occasion de lire, dans votre portrait paru dans le magazine Animeland n°90, votre projet d’étoffer votre collection « shôjo kana », quels sont les titres déjà prévus ?

Y.S. : Oui, c'est un de nos projets, nous visons quelques titres mais de nouveau, ne vendons pas la peau de l'ours…

Q : Par ailleurs, où en est le sondage paru sur votre forum concernant le choix de votre prochain shônen ?

Y.S. : Nous avons pris note de tous les avis, ils nous ont été utiles pour voir les envies des lecteurs Kana qui ont la chance de se connecter sur notre site www.mangakana.com. Quelques titres sont en préparation également mais il ne faut pas oublier que cela prend souvent de longs mois pour négocier un titre, la multiplication des éditeurs francophones ne va certainement pas faciliter les choses.

Q : Quel est votre programme pour l'année à venir ?

Y.S. : Consolider nos séries shônens, développer les autres labels, lancer le label "Made in Japan" qui sera un label un peu plus littéraire avec les deux premières séries "Le Sommet des dieux" de Taniguchi Jirô et "Number Five" de Matsumoto Taiyo. Nous avons également envie d'approfondir des contacts dans le reste du monde asiatique et de concrétiser des projets coréens différents de ce que l'on a déjà pu voir. Bref, tout cela est en route mais chut, ne le dites à personne !

Interview de Raphaël Pennes de Asuka

Interview de Raphaël Pennes, gérant au sein du nouvel éditeur de manga Asuka qui sort prochainement 3 nouveaux titres dont Blackjack de Osamu Tezuka en format bunko et Hungry Heart, la toute nouvelle série de l'auteur de Captain Tsubasa (Olive et Tom en France).

Pourriez-vous nous présenter votre politique éditorial ?

Asuka est née de l’association de deux personnalités : Renaud Dayen 30 ans passionné de BD, Comics et manga et Raphaël Pennes, 27 ans passionnée de manga et d’animation japonaise ayant grandi devant le Club Dorothée !Cette association de personnalité, à donné naissance à une envie commune de fonder une maison d’édition dans le but de faire découvrir des auteurs et des œuvres inconnues du public à forte orientation adulte.

En effet, nous souhaitons avec Asuka, proposer la réunification des publics ayant grandi devant leur poste de TV approchant la trentaine et les lecteurs assidus de franco-belge. Une mission très certainement de longue haleine mais qui nous motive jour après jour, surtout depuis que des chefs d’œuvres tels que Bouddha ou des auteurs tels que Taniguchi sont primés à Angoulême. Grâce au travail de petite main d’artisans de la BD qui ont défendu à contre-courant les mangas en France, nous avons aujourd’hui la chance de pouvoir embrasser l’ambition de prendre la place de maison d’édition manga destinés aux adultes, un peu à l’image des éditions Delcourt/Akata…

Nous privilégions donc les titres aux graphismes travaillés, sortant des sentiers battus des grands shounen ou shoujo, et nous axons nos choix sur des scénarios plus travaillés et plus enclin à l’air du temps.

Le nombre de titres publiés par mois a augmenté de près de 40% en 1 an, ne pensez-vous pas arriver trop tard ? N’avez-vous pas peur de la saturation du marché que tant de fans redoutent ?

Le nombre de titres a effectivement considérablement augmenté, d’une part à cause de l’appétit des lecteurs qui réclamaient toujours plus et toujours plus vite (quand on aime on ne compte pas !) et d’autre part, parce que de nouveaux éditeurs sont apparus depuis fin 2002 (Delcourt, Soleil, Tokebi…) et ont ajouté leurs catalogues sur un marché déjà dense.

Nous sommes effectivement soucieux de ne pas tomber dans cette surenchère de sorties, et c’est aussi une des raisons pour lesquelles nous avons privilégié les mangas plus adultes aux shounen et shoujo déjà fort nombreux sur le marché. Nous avons aussi consciemment choisi de ne pas sortir plus de 3 ou 4 mangas par mois pour ne pas obliger encore plus les lecteurs à faire des choix vis-à-vis de leurs achats.

De plus nous avons pour leitmotiv la prudence : nos tirages et nos frais en général sont volontairement réduit, à la manière des éditions Tonkam, afin de ne pas tomber dans la spirale actuelle qui se résume à dire : « on vend moins d’exemplaires de nos titres alors on double le nombre de sorties ! ».

Mais de toute façon selon nous, ce sont les lecteurs qui détermineront si oui ou non trop de mangas sont publiés tous les mois et les ventes au final ne se résumeront qu’à la qualité ou non des œuvres, du moins nous l’espérons !

En tant que nouvel éditeur, que pensez-vous apporter de plus que vos concurrents déjà implantés sur ce marché ?

Nous espérons vraiment que la rentabilité et le succès d’une œuvre ne se résument pas à simplement apporter quelque chose de plus. Pour nous si une œuvre est aboutie, qu’elle véhicule de l’émotion, de la passion, tout simplement du plaisir lors de sa lecture alors notre mission de découverte sera accomplie.

Nous n’avons pas la science infuse, nous ne prétendons pas faire mieux que les maisons d’édition déjà installées qui ont fait au fil des années, la reconnaissance du manga en France. Nous souhaitons juste avec notre passion que nous partageons avec tous les jeunes et moins jeunes vivrent encore des années de plaisir à découvrir ou redécouvrir des œuvres touchantes.

Je pense qu’Asuka apportera principalement un choix constant qualitatif sur les titres et auteurs proposés, en recul par rapport aux chiffres de ventes généralement déterminant sur les catalogues.

Comment choisissez-vous les titres que vous décidez d'éditer ?

Nous avons jusqu’à maintenant suivi notre instinct, et les conseils d’un ami Japonais, Takanori Uno actuel correspondant pour les éditions Tonkam (où je travaillais), qui a su comprendre notre volonté éditoriale et nous proposer des œuvres et auteurs totalement inconnus en France mais reconnus au Japon.

La situation ayant un peu changé (Asuka devait être une filiale de Tonkam), depuis mon licenciement mes relations avec les amis à Tonkam ont étés mises à mal. Je part donc désormais seul avec Renaud (mon associé et ami) à la recherche de nouveautés à proposer avec l’aide de jeunes lecteurs qui sont nos conseillers en France, et avec l’aide de nos correspondants dans les maisons d’éditions au japon qui nous proposent sans cesse de découvrir des mangas qui correspondent à notre politique éditoriale.

La raison de nos choix au final pour tel ou tel titre, se résume à une seule chose : « Qu’il nous procure de l’émotion ».

Pensez-vous que la prépublication soit viable en francophonie actuellement ? (Shônen collection, Tokebi mag et bientôt Magnolia)

C’est la question du moment, dans les couloirs des maisons d’éditions. Actuellement tous effleurent le rêve de lancer leur propre magazine de prépublication par fierté avant tout. Pour nous, la France n’a pas été conditionnée pour ce genre de procédé. Hormis avec les magazines Disney, le public n’est pas prêt et ne le sera certainement jamais. Il aurait fallu, commencer la prépublication à l’arrivée des mangas en France. Maintenant que les lecteurs sont habitués à acheter tous les deux mois leurs mangas, les mentalités sont installées.

Maintenant, des alternatives existent et Tonkam l’a bien compris. Pour que la prépublication puisse vivre en parallèle des publications classiques, l’éditeur doit avoir une politique claire sur ses volontés avec son magazine. En proposant des œuvres abouties et très attendues du public et surtout en annonçant d’ores et déjà que ces les versions reliées ne sortiront pas en 2004, Tonkam a une politique claire vis-à-vis de la viabilité du magazine et le lecteur n’a pas d’inquiétude. Magnolia proposera toujours des titres de qualité et il sera indispensable de l’acheter pour les découvrir.

Pour Shônen Collection, Pika a eu une approche différente, plus axé sur le test de séries en vue de publication en reliés. C’est une sorte de laboratoire, dans lequel Pika teste des œuvres et leur impact sur le public.

Enfin Tokebi Mag fait de la vrai prépublication mais sur des BD coréennes et sur ce point je pense que les lecteurs de manga ont un blocage pour le moment. SEEBD s’est lancé dans une mission de longue haleine mais leur volonté est de fer et ils réussiront à changer les mentalités.

Que pensez-vous de l'exigence de respect du sens de lecture original, de l'utilisation de la couverture originale et du problème des onomatopées qui sont autant d'exigences des fans envers les versions francophones ?

Le respect des œuvres est pour nous une obligation pas une exigence. Nous, et les autres éditeurs de manga, ne sommes que des maisons d’éditions de transit ! En effet, nous ne faisons pas de création, nous véhiculons le message des œuvres en les proposant en version française. Notre rôle est de traduire et adapter (modérément) les textes pour le public français. Maintenant, il faut relativiser la psychose des fans. Parfois, il est possible de tout faire à l’égal des éditions japonaises mais parfois des raisons techniques, ou tout simplement la volonté des éditeurs japonais nous empêchent de publier les œuvres à l’égal des éditions japonaises. Donc tout comme les autres éditeurs sur le marché nous mettront toujours tout en œuvre pour respecter le travail original des auteurs au niveau des couvertures.

Le sens japonais est une chose déjà réglé, puisque nous publierons toujours les titres en sens japonais. Pour les formats c’est la même chose. Et pour les onomatopées nous ne les retoucherons pas par respect des dessins, nous décidons actuellement si nous les traduirons ou non à la manière des éditions Kana / Dargaud.

La demande pour les mangas de type « seinen » augmente, prévoyez vous de satisfaire ce public ?

Effectivement, le « seinen » sera notre activité principale !

Quel est votre programme pour l'année à venir ?

Nous lancerons nos premiers titres, en mars 2004, à raison de 3 titres par mois et à partir de septembre nous sortirons 4 mangas par mois. Notre site ouvrira fin novembre et sera vraiment actif courant décembre avec une volonté clairement affichée de créer une communauté et un vrai dialogue avec les lecteurs avec entre autres des soirées « chat ».

Nous nous attellerons à quelques autres projet, comme l’édition vidéo avec notre label « Eye Catch », qui sortira quelques DVD encore une fois axé sur des œuvres abouties pour public plus mature avec des OAV et films cultes au Japon et encore inédits en France. Nous avons aussi d’autres petits projets pour étendre nos activités mais on vous en reparlera en 2004 !

Merci de nous avoir accordé cette interview

Merci à vous.

Interview des éditions Semic

La tournée des éditeurs continue encore et toujours Cette fois-ci notre interlocuteur se trouve à Paris puisqu'il s'agit des édition Semic plus connue pour ses comics mais qui a publié entre autre un manga de Spawn.

Pourriez-vous nous présenter votre politique éditoriale ?
Bien que plus connu des professionnels et du grand public pour son travail d'adaptation sur les Comics américains, Semic depuis maintenant 4 ans a élargi sa palette de compétences en tant qu'éditeur en proposant des albums cartonnés format Franco-Belge, mais aussi des mangas.
Le groupe Tournon dont nous dépendons est éditeur au sens large (presse et livres) et Semic - plus particulièrement spécialisé en BD - entend être présent sur tous les segments de ce marché, aussi bien dans la presse qu'en librairie.
Le public Comics est il votre cible principal ?
Certaines collections d'ouvrages (Semic Comics, Semic Books et certains Semic Albums) sont effectivement destinées aux amateurs de BD américaine.
En revanche, nous organisons nos collections de manière à ce qu'elles s'adressent aussi bien à des amateurs d'un genre en particulier (c'est le cas de Semic Manga par exemple) ou à un public plus large (Semic Album).
Comment choisissez-vous les titres que vous décidez d'éditer ? Uniquement sur base d'héros connu dans le monde Comics ?
En ce qui concerne le catalogue Semic Manga, nous avons effectivement commencé avec des adaptations qui rappelaient les spécificités "Comics" de Semic, mais à ce jour cette collection - même si elle va continuer à présenter des produits de ce genre (Batman Hong Kong par exemple début 2004) propose également des ouvrages plus "génériques manga" tels que la série Mangaka - qui présente les nouveaux grands artistes du manga - ou "More how to draw Manga" qui sera publié en 2004.
De même, la source coréenne devrait nous permettre de proposer de très bonnes séries aux amateurs de culture BD asiatique dans les mois qui viennent.
Quel est votre programme pour l'année à venir ? (Développement, titres, etc.)
Outre une présence accrue dans le domaine de l'album et du Comics, nous allons intensifier notre présence avec des ouvrages qui s'adressent certes aux "spécialistes" du genre, mais aussi qui ouvrent ces différents genres au grand public. Semic s'est imposé en quelques années comme un label incontournable dans tous les domaines de la BD, quel que soit le genre. Nous allons poursuivre dans cette voie. Merci et rendez-vous dans les librairies et sur les salons où nous nous faisons toujours un plaisir de parler de ce qui va sortir.

Interview de Dominique Véret de Akata

Découvrez les éditions Akata à travers leur directeur éditorial : Dominique Véret. Akata travaille en collaboration avec Delcourt pour la section manga et nous a permis de découvrir certaines perles du Japon comme Fruits Basket ou Saikano, Larme Ultime.

Pourriez-vous nous présenter votre politique éditoriale ?

Tout d’abord, nous ne voulons pas être prisonnier du marché du manga actuel comme le sont beaucoup d’éditeurs. Nous considérons que l’intérêt pour le manga n’appartient pas seulement à la génération qui l’a fait connaître. Nous sommes juste conscients que pourtant cette génération est bien entendue la plus consommatrice de mangas. C’est une réalité que nous cherchons à maîtriser pour la gestion économique de nos titres. À partir de cette considération, nous pouvons être un éditeur libre de son éditorial et entreprendre un travail plus aventureux, plus osé.

Pour ceux qui suivent l’actualité, il est évident que le Japon et l’Asie, la Chine dont nous entendons beaucoup parler en ce moment, vont intervenir de plus en plus dans nos quotidiens. Et pourtant les français ignorent tout de ce qui anime ces cultures. Avec le manga, nous disposons donc d’un formidable média pour rattraper ce retard et faire profiter les jeunes et le grand public d’informations qui leur seront utiles pour agir dans un monde en mutation où notre culture ne sera plus dominante. Notre politique éditoriale vise donc avant tout à faire connaître le Japon comme réalité humaine en éditant des mangas qui ne seraient pas que des produits se ressemblant à l’infini. Nous devons surprendre et amuser en faisant découvrir ce pays.

Cela fait maintenant 1 an que vous êtes arrivés sur le marché. Pourtant, en si peu de temps vous êtes devenus un des éditeurs les plus appréciés, quel bilan en tirez-vous ?

Énormément de stress pour reconstruire rapidement avec les Éditions Delcourt une équipe et un esprit de groupe après avoir fait ce travail avec la création des Éditions Tonkam. Après l’empirisme et le gaspillage de notre aventure Tonkam, nous avons eu la chance avec les Éditions Delcourt de travailler avec des personnes pragmatiques et ouvertes d’esprit. L’univers du manga n’était familier qu’à quelques personnes de l’entreprise même si beaucoup d’auteurs de BD franco-belge en lisaient déjà. Maintenant, le manga fait parti de la famille bande dessinée chez cet éditeur et c’est dans l’ambiance d’un bouillonnement culturel sympathique et prometteur que nous pouvons travailler.

Nous sommes encore loin d’avoir posé toutes les bases de nos ambitions éditoriales, un an c’est court, et il va nous en falloir encore deux pour que soit installé pour longtemps l’originalité du catalogue. Ensuite, on publiera dans la sérénité.

Avec l'arrivée en nombre de nouveaux éditeurs et près de 40% de sortie en plus par mois, d'après vous, le marché résiste-t-il bien ? Augmente-t-il ?

Le marché augmentera pour ceux qui auront réellement quelque chose à exprimer à travers ce travail. Le mercantilisme est une philosophie de plus en plus risquée dans cette activité. Les lecteurs progressent dans leur connaissance et compréhension de la culture japonaise. De plus, il y en a beaucoup qui ont mixé dans leur esprit des aspects des cultures japonaises et françaises. Les responsables éditoriaux et les commerciaux qui n’ont pas su en faire autant ne vont donc plus être performants.

Le grand public va aussi plonger dans le manga. Le sens de l’opportunité de la culture bobo commence à récupérer cette bande dessinée extrême-orientale. Manger bio, parfumer son intérieur à l’encens et lire Tajikarao, Planète, Monster et d’autres titres aussi fort devient in. Le manga va trouver aussi un écho plus favorable auprès des adultes en général. Ces BD stimulent la combativité face au quotidien dans la majorité des cas et elles peuvent remplacer facilement une influence culturelle américaine qui a de moins en moins de sens à proposer. La désinformation sur le manga ne fonctionne plus comme avant.
Notre catalogue a été réfléchi dès le départ pour répondre à l’évolution de l’opinion des adultes sur cette bande dessinée.

Quels seraient, selon vous, vos atouts et aussi vos défauts pour affronter la rude concurrence qui s'annonce ?

Nous n’avons pas le souci de la concurrence. Cette conception des choses n’a pas sa place dans notre travail. Nous avons des responsabilités à assumer face à la société car nos choix peuvent avoir des influences positives ou négatives sur le comportement de beaucoup de gens. Nous préférons considérer que nous allons devoir faire face à une émulation très forte. Mais nous l’avions prévu. Notre défaut serait alors de manquer de pragmatisme, de calme et de discernement. Conscients de ça, on travaille sur nous-même pour ne pas en être victime.

Pensez-vous que la prépublication soit viable en francophonie actuellement ? (Shônen collection, Tokebi mag et bientôt le Magnolia)

C’est risqué mais ça peut marcher. C’est beaucoup de travail, cela demande aussi des équipes soudées et déterminées à faire face à des aventures de longues haleines. Nous préférons en rester à l’édition de titres pour les librairies car c’est là que l’on peut surprendre le plus. Un magazine peut devenir routinier rapidement et dépendre trop d’un seul éditeur japonais ou coréen.

Que pensez-vous de l'exigence du respect du sens de lecture original, de l'utilisation de la couverture originale et du problème des onomatopées qui sont autant d'exigences des fans envers les versions francophones ?

Tout cela est normal. C’est naturel de vouloir lire des mangas dans leur forme originale. Quand avec Tonkam, nous avons publié des titres dans le sens de lecture français c’était des choix stratégiques. Le désir de conquérir un lectorat plus important ou de légitimer l’intérêt des jeunes pour le manga auprès de la presse et de gens qui avaient des préjugés. C’était des sacrifices nécessaires. Je ne me suis jamais intéressé à entrer dans un débat à ce sujet car de toute façon c’est le sens de lecture original qui est le plus populaire. Dans certaines circonstances, il peut-être souhaitable de changer les illustrations des jaquettes car les originales ne sont pas toujours adaptées à notre sensibilité.

La demande pour les mangas de type « seinen » augmente, pensez-vous satisfaire ce public actuellement et que prévoyez-vous pour le futur ?

Nous nous intéressons beaucoup au seinen car il y a maintenant plus à découvrir dans ce genre. C’est aussi plus agréable à éditer car le shônen et le shôjo s’adresse d’abord au Japon aux enfants et au ados. Ils sont finalement très faciles à publier car on sollicite un public sensible aux modes et consommateur. Cela n’empêche qu’il y a des chefs d’œuvre dans le shônen et shôjo.
Avec le seinen, on a la sensation de faire plus un travail d’éditeur car souvent ces mangas sont plus affirmés, réagissent plus fortement à des réalités de société et nous font découvrir l’originalité de la culture japonaise. Cela fait maintenant une quinzaine d’années que beaucoup de jeunes s’intéressent aux mangas. Si ses lecteurs entre 20 et 35 ans ne basculent pas maintenant vers le seinen, il y aura du souci à se faire pour cette génération. A quoi lui aurait servi ses première lectures de manga. Comme au Japon, le shônen et le shôjo vont bien finir par se contenter globalement d’un public de quinze-vingt ans.
La demande augmente dans le seinen mais pour l’instant les ventes ne sont pas aussi fortes que pour les shônen ou shôjo. L’évolution se fait petit à petit. Il faut être plus mûr pour en lire et on dirait que cela fait peur à beaucoup de jeunes adultes. Avec le seinen de toute façon c’est à un public plus large que les lecteurs habituels de manga que nous avons cherché à nous adresser. Et ça, ça commence à marcher. Paradoxalement ce sont les lecteurs de BD franco-belge qui sont en train de s’accaparer du seinen.

Quels titres publiés par un de vos concurrents auriez-vous aimé avoir dans votre catalogue ?

Monster, tout Jiro Taniguchi, Planète et pleins d’autres. Mais je n’en éprouve pas de la frustration. Cela prouve qu’il n’y a pas de concurrence dans le manga. Il y a tellement de mangas intéressants.

Comment choisissez-vous les titres que vous décidez d'éditer ?

On ne regarde pas du tout la copie du voisin. On fait attention aux autres, on les écoute. On lit beaucoup la presse (et surtout pas que manga) pour sentir les tendances, les centres d’intérêt du moment, pour les anticiper. On se laisse envahir par la culture asiatique. On peut ainsi chercher à repérer les questions que d’autres personnes pourraient se poser. Si on peut y répondre avec l’édition d’un manga avant qu’elles n’apparaissent dans leur esprit c’est bien pour eux et le titre plaira. L’important c’est avant tout de toujours pouvoir expliquer pourquoi on choisit un titre. C’est déjà une partie de son succès qui est ainsi assuré. Nous travaillons aussi à plusieurs pour choisir et décider à Akata des titres à publier car il ne serait pas juste d’imposer une seule vision des choses. Et il faut être idéaliste pour bien faire ce travail. Ce n’est pas l’égoïsme qui produit les meilleures idées.

Une politique d’auteurs verra-t-elle le jour comme ce fut le cas pour Tonkam ? Je pense notamment à Saki Hiwatari et Ai Yazawa.

Oui par la force des choses. Comme nous avons d’autres projets en plus du manga, nous devons avoir les moyens économiques de les réaliser. C’est bien d’induire des directions éditoriales ou de faire connaître des auteurs différents mais nous n’envisageons plus de prendre des risques qui profiteraient ensuite à des personnes qui ne mouillent jamais leur chemise dans ce métier. Nous avons fait connaître Ai Yazawa ce qui n’était pas évident au début. On a ensuite tardé à demander les droits de Paradise Kiss. Un autre éditeur les a donc obtenus. Cela ne se reproduira plus dans l’avenir.

Quel est votre programme pour l'année à venir ?

Les titres indiqués à l’avant dernière page du catalogue manga que viennent de publier les Éditions Delcourt. Niraikanai, Beck, Flic de Tokyo entre autres. Nous négocions aussi d’autres titres et il faudra attendre que les éditeurs japonais nous les accordent avant de les annoncer. Nous vous préparons de nombreuses surprises pour 2004.

Merci à Sae Cibot et Dominique Véret

Interview de Benoit Maurer de IMHO

Interview de l'éditeur IMHO avant son lancement. IMHO fait partie des nouveaux arrivants dans le monde du manga, mais celui ci est différent... Pourquoi ? De part ses choix éditoriaux! (J’ai déjà dit ça tiens ^^)

Pourriez-vous nous présenter votre politique éditoriale ?

Si nos premières publications sont dans un premier temps des mangas, IMHO n'est pas pour autant un éditeur spécialisé ni de bandes dessinées japonaises, ni de bandes dessinées tout court. Nous prévoyons dès la première année d'éditer des ouvrages sur le cinéma, ainsi qu'un livre sur l'histoire de la robotique en attendant une exposition photo pour tout début 2005. (Et si tout se passe bien quelques disques de musique électronique !). IMHO est né d'une envie simple : aujourd'hui en France, aucun projet véritablement cohérent d'édition transversale n'existe, chacun des éditeurs se spécialisant dans un genre particulier. Ce que nous souhaitons, c'est donc avant tout créer une plate-forme éditoriale ouverte sur tous les champs de création artistique, capable d'organiser des rencontres entre les différentes disciplines esthétiques et de prendre position par rapport à la production culturelle contemporaine. Un constat que l'on retrouve déjà chez de nombreux artistes qui ne se limitent plus à un seul médium: ils explorent plusieurs domaines, et écrivent aussi bien pour le jeu vidéo que pour la bande dessinée, le cinéma ou la télévision... Concernant les mangas, la politique éditoriale est là aussi très claire : uniquement des titres adultes. Tout simplement parce que hors les shônen et shôjo classiques disponibles partout en France, il est difficile de trouver des titres destinés à un public plus âgé ou plus adulte, qui abordent des problèmes différents des éternels récits d'initiation et autres questionnements adolescents. Dans tous les cas, nous privilégierons les titres originaux graphiquement et scénaristiquement (pour la plupart des histoires complètes en un seul volume), doté d'une identité et d'une personnalité très fortes.

Le nombre de titres publiés par mois a augmenté de près de 40% en 1 an, ne pensez-vous pas arriver trop tard ? N’avez-vous pas peur de la saturation du marché que tant de fans redoutent ?

Tout dépend comment les éditeurs réagiront. S'ils se limitent à sortir le dix-millième clone de Kenshin ou de Card Captor Sakura, ou le énième shônen mille fois rebattus, forcément, il y aura saturation car les lecteurs n'auront guère le choix et se lasseront. Au contraire, si le manga trouve véritablement sa place dans le monde de l'édition française, il y aura matière à des choix éditoriaux beaucoup plus audacieux comme ont pu le commencer les Éditions Delcourt avec Akata. L'idée n'est pas bien sûr de déverser en France tous les mangas sortis au Japon. Cela n'a aucun intérêt. Le projet serait plutôt de donner accès au lecteur à des titres ou à des genres de bandes dessinées qui n'ont pas encore été tentées en France pour des raisons X ou Y.

En tant que nouvel éditeur, que pensez-vous apporter de plus que vos concurrents déjà implantés sur ce marché ?

L'originalité et la force des titres. Par exemple, le premier livre à paraître (Cinderalla de Junko Mizuno, en mars 2004 si tout se passe bien) revisite à sa manière Cendrillon. Les dessins sont un mélange étrange et très décalé entre Super Nana et Hello Kitty, mais le tout sous acide, l'auteur avouant un amour immodéré pour le mignon étrange, et un goût prononcé pour les situations un rien morbides. Pour les titres suivants, il s'agit plutôt de mangas d'horreur violents et macabres, très noirs.

Comment choisissez-vous les titres que vous décidez d'éditer ?

En ce qu'ils représentent un aspect particulier et novateur dans leur domaine. Dans leur manière aussi d'aborder leur champ artistique et les propositions qui en résultent. Et surtout par le plaisir qu'ils me procurent à leur lecture !

Pensez-vous que la prépublication soit viable en francophonie actuellement ? (Shônen collection, Tokebi mag et maintenant Magnolia)

Viable économiquement ou éditorialement ? Même si la qualité n'était toujours pas au rendez-vous, j'aime bien l'idée de Coyote Mag d'offrir à de jeunes dessinateurs l'opportunité de faire leur preuves en situation réelle.

Que pensez-vous de l'exigence de respect du sens de lecture original, de l'utilisation de la couverture originale et du problème des onomatopées qui sont autant d'exigences des fans envers les versions francophones ?

Pour ce qui est de la couverture, je n'y accorde aucune importance pourvu qu'elle soit belle ! Pour le respect du sens de lecture original et les onomatopées, tout dépend de l'auteur. Par exemple sur Cinderalla, Junko Mizuno n'aimait pas du tout l'édition japonaise qu'elle trouvait trop propre par rapport à son histoire (beau papier blanc, couverture stylisée, et couleurs léchées). Du coup, elle a décidé de retravailler tous ses dessins pour l'édition américaine, a choisi ses propres couleurs, et a exigé un papier de mauvaise qualité, un peu jaunâtre pour jouer sur les effets de transparence entre les pages. Elle a aussi recréé toutes les onomatopées, ce qui a demandé un travail considérable. Pour l'édition française, elle a demandé exactement la même chose: sens de lecture occidental, papier de moins bonne qualité. Mais il s'agit à vrai dire d'une situation assez exceptionnelle où l'auteur a eu le temps de travailler sur l'édition internationale de ses œuvres.

La demande pour les mangas de type « seinen » augmente, prévoyez vous de satisfaire ce public ?

Pourquoi pas. Tout dépend des titres.

Quel est votre programme pour l'année à venir ?

Aujourd'hui, un seul livre est prévu : Cinderalla en mars 2004, puis un livre tous les deux-trois mois (toujours des histoires complètes). A priori, il y aura les autres oeuvres de Junko Mizuno : Hansel & Gretel, puis La Petite Sirène. Le reste est encore secret !

Interview des éditions Muteki

Projet d’interviews d’éditeurs de mangas en France et en Belgique. Ce projet a pour but d’obtenir des réactions et une certaine transparence des éditeurs sur le marché actuel. L'interview se compose de deux parties : des questions identiques pour tous les éditeurs et quelques questions spécifique à l'éditeur interviewé. Pour commencer, voici Muteki futur éditeur sur le marché, pour cela, aller dans la partie dossier. L’éditeur Asuka sera le suivant :)

Pourriez-vous nous présenter votre politique éditoriale ?

En tant que nouvelle maison d'édition, nos ambitions sont nombreuses...

La principale : faire parvenir entre les mains des lecteurs le manga tel que le mangaka l'a imaginé, conçu et présenté. Voilà pourquoi nous tendrons toujours à nous rapprocher le plus possible de l'œuvre originale (sens de lecture, jaquette, qualité, respect des noms des personnages etc... ). Nous sommes avant tout des fans de manga comme eux... Les éditions Muteki, c'est découvrir le manga comme les fans aiment le voir. Un état d'esprit basé sur un axe essentiel : "la qualité".

Le nombre de titres publiés par mois a augmenté de près de 40% en 1 an, ne pensez-vous pas arriver trop tard ?
L’édition de manga est intemporelle, "la qualité" voilà notre état d'esprit, tous nos lecteurs le constateront au fil des mois. L’édition est en perpétuel renouvellement et notre arrivée provoquera des émules et nous l'ésperons un vrai positionnement favorable à la croissance dès 2004...
N'avez-vous pas peur de la saturation du marché que tant de fans redoutent ?

Non, car le milieu éditorial comprend dès à présent la nécessité de publier de façon plus concise et raisonnable. Le panel de manga est extrêmement large et nous ne pourrons qu'élargir bénéfiquement ce monde où le manga francophone a maintenant sa place. De plus, pour nous, le manga est un art. Pensez-vous pouvoir demander : « Ne pensez-vous pas qu’il y ait trop de romans sur le marché ? »... Non, chaque manga est différent, chacun apporte un monde et des émotions qui lui sont propres, il n'y a donc aucune raison de s'inquiéter.

En tant que nouvel éditeur, que pensez-vous apporter de plus que vos concurrents déjà implantés sur ce marché ?

Premièrement, nous aurons comme chaque maison d’édition nos propres titres, nous ferons découvrir des mangas que d’autres éditeurs n’auraient peut-être pas sorti. La France ne développe actuellement que 10% de toutes les richesses et diversités culturelles manga déjà présentes au Japon. Nous pouvons donc beaucoup apporter aux lecteurs... Ce que nous allons offrir d'autre part c'est une baisse des prix à moyen terme pour que le manga soit plus accessible à toutes les bourses. Un coup de frein positif à une inflation trop peu justifiée. En tout cas, l'année 2004, sera marquée par un tonus tarifaire chez Muteki, avec une fréquence de parution respectable.

Comment choisissez-vous les titres que vous décidez d'éditer ?

Etudes de marché (études des tendances actuelles), sondages à l'année sur tous les festivals et autres conventions dédiées au mangas en France, et bien sur les forums Web. Bref, tous cela est un travail de par notre expérience dans le milieu de la japanim' et du fanzinat. De plus, notre équipe en France et notre attaché de presse au Japon s'en charge quotidiennement pour tenter de trouver et de vous apporter les hits de demain...

Pensez-vous que la prépublication soit viable en francophonie actuellement ? (Shônen collection, Tokebi mag et bientôt le Magnolia)

Oui très viable, ce projet anime même de plus en plus d'éditeurs. Cela éviterait déjà trop d'éditions manga parachutés qui, après coup, n'auraient peut-être pas eu le succès escompté. Grâce aussi à ce test Shonen/Shojo, les prépublications lanceront peut-être une nouvelle fraicheur dans l'édition. L'occasion aussi d'avoir confirmation de titres qui génèrent une vraie popularité et éditer peut-être la série par la suite... L'effluve des prépublications, c'est l'un des meilleur support de découverte à faible coût pour tous... Si nous en ferons partie ? bonne question !

Que pensez-vous de l'exigence de respect du sens de lecture original, de l'utilisation de la couverture originale et du problème des onomatopées qui sont autant d'exigences des fans envers les versions francophones ?

Toutes ces exigences sont assez compréhensibles et fortement prises en compte par nos éditions. Nous souhaitons également qu'elles soient ainsi conformes à l'original, au format prêt. N'est-ce pas le but majeur et une forme de respect envers l’auteur ? Les lecteurs sont aux premières loges, ils connaissent maintenant le vrai sens du mot manga, des œuvres uniques qui n'ont d’ailleurs aucune raison d'être modifiées de façon exagérée. L'exemple parfait est celui d'un tableau français dans un musée japonais, imaginez qu’ils y rajoutent une touche de peinture « sumi e » pour que les visiteurs comprennent mieux l’œuvre. Notre rôle est avant tous de respecter au mieux son cadre, l'harmonie des éclairages, l'ambiance sur son lieu d'exposition, pour que les visiteurs l'apprécient au mieux. Ce respect du manga est aussi le respect du lecteur, les éditions Muteki l'ont bien compris et nous resterons fidèles à cette façon de penser...

La demande pour les mangas de type "seinen" augmente, prévoyez vous de satisfaire ce public ?

Nous tenterons de publier dans tous les genres etle seinen aura aussi sa place. Nous pensons que diversité est synonyme de viabilité et nous souhaitons toucher un large public, pour que chaque lecteur trouve son compte dans le panel Muteki. Nous ne pouvons pas imaginer que le manga se cantonne à un seul style, il y en aura pour tout le monde, homme ou femme de 7 à 77 ans.

Quel est votre programme pour l'année à venir ?

L'alternance chaque mois des deux titres déjà présents, La plume de Feu et Girl Saurus. Dès avril 2004 viendront les rejoindre d'autres titres originaux qui n'ont jusqu'à présent pas encore bénéficiés de créneaux propres. Pour les titres phares nous annonçons aussi la venus d'un "oldies" et d'un shônen très attendu qui marqueront certainement l'année 2004.

Retrouvez cette interview dans la rubrique FAQ du site de Muteki, qui ouvrira ses portes ce mercredi 26 Novembre 2003.

Rencontre avec Andy Seto

Bonjour, ici Uriel, envoyé spécial de Mangavore dans les locaux de Tonkam à Montreuil pour aller interviewer Andy Seto, auteur de King of Fighters Zillion et Cyber Weapon Z. J'y suis allé accompagné de mon fidèle photographe, Sithlord. Nous avons donc mené cette interview avec Andy Seto (évidemment), Sally qui s'occupe des relations avec l'auteur et la présence discrète de Mme Seto (eh oui les filles, pas la peine de courir après, il est marié !)

Monsieur Seto, le manga chinois est encore peu connu en France, quel effet cela vous fait-il d'être en quelque sorte son porte-étendard ici ?

Eh bien, en fait, je fais deux types de mangas, des mangas typiques de Hong-Kong et d'autres plutôt réservés au marché international. Malheureusement, ce que les français préfèrent c'est évidemment ce dernier type de mangas. Je ne représente donc pas vraiment le manga Hong-Kong car ce qui a été traduit n'est pas typique de ce qui se fait.

Dans ce cas qu'appelleriez-vous un manga typique de Hong-Kong par rapport à ce que vous faites ?

En Chine, les mangas que l'on préfère sont ceux où il y a beaucoup de combats, de kung-fu. Avec Cyber Weapon Z, même s'il y a tout de même beaucoup d'action, j'ai essayé de me démarquer de la production habituelle.

Quel a été votre parcours jusqu'à Cyber Weapon Z, qui est le premier manga de vous que nous connaissions ?

J'ai commencé à travailler à 17 ans en tant qu'assistant puis j'ai travaillé comme auteur sur quelques mangas HK. J'ai fait Cyber Weapon Z pour le plaisir, en travaillant pendant un an sur le premier tome tout en continuant mon vrai travail à côté.

Quelles ont été vos principales influences graphiquement et scénaristiquement ?

Mon auteur préféré est Yasuhiko, je suis d'ailleurs très ami avec lui. Depuis tout petit j'adore les dessins animés et lui a réussi à rentrer dans cette industrie. J'espère pouvoir bientôt travailler avec lui.

Selon vous, quels sont les avantages des mangas chinois par rapport aux japonais ?

Pour moi, les scénarios japonais sont meilleurs, mais les mangas chinois sont beaucoup plus beaux, beaucoup plus travaillés visuellement. Nous avons été les premiers à utiliser la couleur et nous savons beaucoup mieux l'appliquer.

On peut aimer la bande dessinée sans en faire son métier, qu'est-ce qui vous a décidé à devenir dessinateur ?

Depuis que je suis tout petit j'aime bien dessiner, et après l'école il a fallu que je cherche un travail, comme tout le monde (rires). Et c'est grâce au frère d'un de mes copains, qui est dessinateur, que j'ai pu commencé à travailler dans ce domaine.

Dans Cyber Weapon Z vous présentez des jeunes gens qui arrivent à dépasser leurs limites grâce aux arts martiaux, une philosophie de l'esprit qui s'améliore par le développement du corps. Est-ce une philosophie de vie que vous préconisez ?

Les arts martiaux ne sont qu'un moyen, selon moi il faut toujours chercher à dépasser ses limites, quoi qu'il arrive. Pour ma part, j'essaie toujours de m'améliorer au fur et à mesure de mes mangas. Je considère King of Fighters comme beaucoup plus abouti que Cyber Weapon Z, et Tigre et Dragon est encore à un autre niveau. Il faut toujours avancer pour pouvoir faire mieux.

Vous faites beaucoup de mangas basés sur les arts martiaux, êtes-vous vous-même pratiquant ?

Non, ma passion vient plutôt des films et des livres. Je préfère visualiser les mouvements plutôt que les pratiquer (rires). J'aime aussi beaucoup regarder la gymnastique.

La fin de Cyber Weapon Z laisse présager qu'il y aura une seconde époque. Est-ce dans vos projets immédiats ?

Quand j'ai fait la première époque de Cyber Weapon Z, je travaillais pour une maison d'édition. J'avais déjà commencé la deuxième saison quand je suis parti en 1998 pour monter ma propre société, mais à ce moment j'ai donc eu beaucoup de travail et quand j'ai voulu reprendre je n'étais plus content du tout de ce que j'avais fait. Je prévois donc de les refaire un jour, car je ne veux pas que les français voient cette version. (rires)

On vient de voir King of Fighters Zillion en avant-première à Cartoonist, qu'est-ce qui vous a attiré dans l'univers SNK ?

En fait, c'est un peu par hasard. Le travail d'un de mes copains est de conseiller les japonais au niveau des dessinateurs chinois, et il trouvait que mon travail était exactement ce qu'il fallait à SNK. Et étant donné que je suis un grand fan de KOF, j'ai accepté tout de suite.

Dans King of Fighters Zillion, vous écrivez une histoire qui se passe pendant l'année 1998, qui est en quelque sorte "libre" au niveau de la storyline officielle. Est-ce un choix délibéré ?

C'est beaucoup plus simple que ça. Étant donné que l'on était en 1998, les japonais de SNK m'ont imposé d'écrire une histoire sur cette période là. Il faut savoir que quand je travaille avec un partenaire comme SNK, je suis beaucoup moins libre de mes choix, je dois d'abord avoir leur accord avant de faire quelque chose.

Justement, aprés avoir écrit sur cette année 1998 sur laquelle vous aviez tout de même beaucoup de libertés scénaristiques, comment celà s'est-il passé quand vous avez écrit King of Fighters 99, année pour laquelle les possibilités sont beaucoup plus restreintes ?

Ca a été très difficile, j'ai passé beaucoup de temps à discuter avec les japonais car je n'avais évidemment pas le droit de dévier de l'histoire officielle. A cause de cela, je n'ai d'ailleurs pas forcément eu tout le temps que j'aurais voulu pour dessiner.

Vous avez déjà fait King of Fighters Zillion, 99, 2000 et 0X. N'avez-vous pas peur d'être étiqueté "mangaka SNK" aprés tout ça ?

C'est pour éviter cela que j'ai décidé de laisser le flambeau à d'autres (NDU : Yong Ren et Cai Yin Dong pour le 2001). Je ne voulais pas faire ça toute ma vie, j'ai plein d'autres projets en tête que je voudrais réaliser.

Andy Seto & Uriel

Sinon, selon vous, quels sont les personnages les plus intéressants graphiquement dans l'univers King of Fighters ?

(NdU : là il y a une phase de recherches dans mon art-book étant donné que les noms chinois sont différents des noms japonais ^^') J'aime beaucoup Iori et Kyo, mais également Blue Mary et Mai Shiranui (NDU : mais quel mâle normalement constitué pourrait ne pas aimer Mai ? ^^)

Une question toute bête, êtes-vous vous-même joueur de KOF ? (NdU : ouais, je me fais plaisir, j'ai envie de savoir !)

Pendant quelque temps, oui. Mais tous mes amis avaient commencé bien avant moi et je n'arrivais jamais à les battre, alors j'ai fini par arrêter ! (rires)

Je connais le problème ! T_T
Est-ce que vous aimez la bande dessinée française ?

Pour l'instant, avec le salon et les dédicaces, je n'ai pas encore vraiment eu le temps d'aller regarder, mais je vais essayer d'aller fouiller un peu demain. (NDU : courez à Gibert Joseph les gars, vous allez peut-être le voir là-bas ! ^^) Mais je trouve que par rapport au manga il y a beaucoup plus de styles différents, et mon dessinateur préféré pour l'instant est Moebius.

Et comment avez-vous trouvé l'accueil des fans français cette année par rapport aux fois précédentes ?

Ils sont beaucoup plus jeunes ! La dernière fois que je suis venu il y avait beaucoup de personnes qui avaient autour de la trentaine d'années. Il y avait même un fan de plus de 60 ans ! Mais cette fois il n'y avait presque que des jeunes. Et surtout il y avait beaucoup plus de filles ! (rires)

Votre tout dernier manga est Tigre et Dragon, avez-vous déjà des nouveaux projets en tête ?

Il faut savoir que Tigre et Dragon est à la base un roman en cinq parties. Ce que je suis en train de faire correspond à la première partie, la jeunesse des personnages principaux du film, qui correspond lui à la deuxième partie. Mais j'ai déjà entamé les recherches pour la deuxième partie, qui est donc mon prochain projet.

Eh bien voilà, merci beaucoup de m'avoir accordé de votre temps.

Merci à vous.

Après cela nous avons pu voir le maître travailler sur un dessin de Iori.

Après renseignements, nous avons également appris que Tigre et Dragon était déjà acheté par un éditeur américain, alors si vous êtes intéressés faites des recherches. ^^

Conférence de presse avec Kosuke Fujishima

Alors que la veille avait lieu une conférence de presse publique avec l'auteur de Ah! My Goddess, Samedi les journaliste profitaient d'un rendez-vous plus intimiste avec le prestigieux mangaka. Entouré d'une quinzaine de reporters (dont votre serviteur), M. Fujishima a accepté de répondre à quelques questions. Cependant, les problèmes d'organisation ont fait que ce rendez-vous a commencé en retard et surtout, nous nous trouvions dans une salle juste au dessus du "parc" où étaient "entreposés les cosplayers en attendant leur tour... Résultat, un bruit de fond perpétuel fatiguant qui nous a compliqué la tâche... Je plains ceux qui avaient un dictaphone finalement !

Pour ma part, muni de papier, d'un stylo, d'une main supersonique et d'une bonne dose de patience, je vous ai préparé une retranscription de cette conférence... Enjoy !

Que pensez-vous du manga en France ?

K.F. : Je ne pensais vraiment pas qu'un événement comme Cartoonist puisse avoir lieu en France et réunir autant de monde autour du manga. J'ai été invité en France pour rencontrer des fans, c'est donc l'occasion de découvrir l'ampleur du phénomène.

Avez-vous une idée du succès de vos oeuvres en France ?

K.F. : J'ai croisé beaucoup de cosplayers depuis mon arrivée, et il n'y a pas beaucoup de costumes inspirés de mes mangas. J'ai donc du mal à me rendre compte.

Face à la somme et au rythme de travail demandé à un mangaka, comment arrive-t-on à se renouveler dans ses mangas ?

K.F. : On réfléchit en travaillant, en dessinnant, en prenant son bain, ...

Vous arrive-t-il d'avoir des "passages à vide" et d'avoir du mal à trouver des idées ? Dans ce cas, demandez-vous de l'aide à vos assistants ?

K.F. : Il m'est déjà arrivé d'avoir du mal à trouver des idées mais je n'ai jamais demandé d'aide à mes assitants !

Comment répartissez-vous le travail avec vos assistants ?

K.F. : Cela change tout le temps. Cela dépend principalement de leur disponibilité.

Certains assistants ont-il déjà entamé une carrière solo ?

K.F. : Oui, un. Mais je ne me souviens pas de son pseudonyme de mangaka.

Comment s'est déroulé le travail sur votre premier D.A. ?

K.F. : Sur le "tournage" des OAVs de Ah! My Goddess, j'ai rencontré une doubleuse qui adorait le piano, après avoir discuté avec elle c'est ainsi qu'est né le projet.

Vous arrive-t-il d'évoquer vos passions dans vos mangas ?

K.F. : Oui, c'est comme ça depuis le début.

Comment ressentez-vous l'impact du public, japonais ou non, vis-à-vis de vos œuvres ?

K.F. : La façon la plus simple que j'ai de ressentir ce phénomène c'est quand mes mangas sont en rupture de stocks. (rires)

Dans vos mangas, il y a toujours des personnages très "kawaii". D'où vient cette influence ?

K.F. : Depuis très longtemps, je lis des mangas avec des personnages "kawaii". Encore maintenant, ce qui attire principalement mon attention dans un dessin, ce sont les presonnages "kawaii". C'est probablement ce qui influence mon travail.

Quand, à force de travailler, on n'a plus d'idées, comment fait-on ?

K.F. : Dans c'est moments, c'est vraiment très dur. Je prie les "Dieux des mangas" de m'envoyer une idée et quand ça marche et qu'une idée arrive, c'est un moment de pur bonheur.

Le dieu du manga "Tezuka" ?

K.F. : (rires) Pas seulement.

Avez-vous vu les versions françaises de vos mangas ? Qu'en pensez-vous ?

K.F. : J'ai consulté l'édition française de mes oeuvres. Actuellement, mes mangas sont édités en sens européen, de gauche à droite. J'aimerais beaucoup que cela change rapidement pour qu'ils soient édités en sens japonais.

Lisez-vous d'autres mangas que les vôtres ?

K.F. : J'aime beaucoup les mangas de Masato Soda en ce moment. Sinon, je lis beaucoup d'oeuvres de Leiji Matsumoto, il est la raison pour laquelle j'ai voulu devenir mangaka.

[NdS: c'est ma question ! ^^] Vous êtes mangaka à succès, character designer sur des animés mais aussi character designer de Sakura Taisen, une des saga de jeux vidéos les plus célèbres au Japon. Ces divers aspects de votre travail ont-ils tous la même importance ou certains sont-ils prépondérants pour vous ?

K.F. : Lorsque je travaille sur plusieurs projets, ils ont tous la même importance et je travaille sérieusement sur tous. Mais je suis mangaka avant tout et rien ne pourrait me faire arrêter ce métier.

Que pensez-vous du public français ?

K.F. : C'est un public passionné qui n'hésite pas à dire quand il aime un manga.

Comment s'est déroulé votre travail sur Sakura Taisen ? Avez-vous déjà joué au jeu ? Si oui, quel est votre personnage préféré ?

K.F. : J'ai effectivement déjà joué à Sakura Taisen. Mon personnage favori est Erika. Je connaissais le mecha designer de la série et quand le PDG de la société a décidé de lancer le projet Sakura Taisen, il lui a demandé si Kyosuke Fujishima accepterait d'être character designer pour la série. Comme le projet m'intéressait, j'ai accepté.

Sur quels autres projets aimeriez-vous travailler ?

K.F. : Si j'avais du temps de libre, j'aimerais travailler sur beaucoup d'autres projets.

Pas de projet en particulier ?

K.F. : J'aimerais travailler sur une série du studio GAINAX mais ce n'est malheureusement pas en projet.

Sakura Taisen 3 ~ Paris Brûle-t-il ? ~ se déroule en France. Maintenant que vous y êtes, voyez-vous des choses qui changent pour vous ?

K.F. : Je ne m'occupe que du character design dans la série. Je n'ai pas mon mot à dire concernant l'architecture.

Pourtant, dans un cabaret, les danseuses sont affublées de costumes étranges.

K.F. : Je n'ai pas la responsabilité des costumes, il est donc très difficile de dire "j'aimerais que ce soit comme ceci plutôt que comme cela." J'ai de réelles contraintes. Par exemple, il y a un personnage qui porte une tenue de religieuse rouge. Etant donné que cela n'existe pas, je ne voulais pas le faire mais la maison d'édition a insisté.

En France, Ah! My Goddess et You're Under Arrest marchent bien. Après cette visite, quels autres titres envisageriez-vous pour la France ?

K.F. : Je n'y ai pas réfléchi. En revanche, j'en viens à me dire que ce qui plaît au public japonais peut plaire au public français. Je vais donc continuer à travailler comme je l'ai toujours fait.

La mise en scène de vos mangas est très filmique, comptez-vous passer un jour à la mise en scène ?
Les OAVs de Ah! My Goddess ont-elles influencé le design du manga ?

K.F. : La réalisation d'un anime est quelquechose de très difficile et je ne pense pas en être capable. Maintenant, si l'occasion se présentait, pourquoi pas.
En discutant avec le réalisateur des OAVs, il a pris des éléments du manga et j'ai pris des éléments des OAVs. C'est une méthode de travail idéale.

C'est vrai que l'ensemble est très cohérent.

K.F. : Oui, le réalisateur des OAVs n'hésitait pas à me rendre visite pour voir comment je travaillais.

Avez-vous un droit de regard sur ces adaptations animes de vos œuvres ?

K.F. : Je n'aime pas entrer en conflit avec les gens et dire "Cela doit disparaître." ou "Ce n'est pas bien." mais il y a toujours eu discussion sur les points sensibles.

Pourquoi les personnages ont-ils tendance à s'arrondir dans Ah! My Goddess ?

K.F. : Bonne question ! Ca fait peut-être partie de l'évolution de mon trait.

Peut-on bientôt envisager la fin de Ah! My Goddess ?

K.F. : Huuum. Cette série va encore continuer un moment.

Merci M. Fujishima.

K.F. : Je vous en prie.

28e FIBD - Forum avec 3 mangakas

Le 28e Festival International de la Bande Dessinée consacrait le Japon, patrie du manga avec un espace dédié et des évènements particuliers comme la venue d'auteurs Nippons. Un des évènements de ce "mini comicket" était la possibilité, via un forum, de s'adresser à nos idoles (en l'occurrence Yuu Watase, Masakazu Katsura et Tsutomu Nihei) afin de leur poser toutes les questions qui nous passaient par l'esprit !!

ATTENTION !! CECI N'EST QU'UNE RETRANSCRIPTION DES PROPOS QUI SE SONT ÉCHANGÉS LORS DU FORUM À PARTIR DES NOTES QUE J'AI PU PRENDRE, IL SE PEUT QUE QUELQUES ERREURS D'INTERPRÉTATION OU QUELQUES INEXACTITUDES SE SOIENT MALENCONTREUSEMENT GLISSÉES DANS CE DOSSIER.

Les invités
  • Tomoko Yamada, "chercheur en mangas", a réalisé l'étude sur le shojo manga qu'on pouvait admirer à Angoulême !
  • Yuu Watase, mangaka. Auteur de Fushigi Yugi et Ayashi no Ceres parus en France chez Tonkam.
  • Sanosuke Natsume, mangaka mais aussi et surtout critique de manga, a réalisé l'étude sur le manga que l'on pouvait admirer à Angoulême qui est la même que celle exposée à la Maison de la Culture du Japon.
  • Tsutomu Nihei, mangaka. Auteur de Blame.
  • Masakazu Katsura, mangaka. Auteur de VGA, Wingman et I's entre autres.
  • Yves Schlirf, responsable de Kana chez Dargaud
Le forum

L'ambiance était plutôt bonne, le public nombreux et lorsque les mangakas sont arrivés ils ont eu droit à un accueil chaleureux. Accueil qui a entre autre étonné Katsura puisque, comme il l'expliquait, au Japon, le public est loin d'être aussi expressif. Cette remarque est vraiment surprenante, surtout quand on se souvient des supporters Japonais lors de la coupe du monde !! Côté insolite, on a vu Nihei prendre des photos du public en train de prendre les mangakas en photos !

Les questions

La première question est une question de Monsieur Schlirf tandis que les suivantes viennent du public.

Pourriez-vous envisager de travailler avec des scénaristes ou des dessinateurs européens ou américains ?

T.N. : Oui, avec Bilal !

M.K. : Je suis mauvais en langues vivantes et je n'y avais jamais réfléchis mais pourquoi pas. Si on me propose un projet de cette nature et que j'ai le soutien du public, ce serait envisageable.

Y.W. : Moi non plus je ne suis pas très douée pour les langues étrangères, mais cela pourrait être une expérience intéressante. Néanmoins, je fais du shojo, c'est un style particulier et tant que mon style plait au public...

Akira Toriyama et Tsukasa Hojo parlent souvent de leurs rapports conflictuels avec leur éditeur à cause des délais, qu'en pensez-vous ?

M.K. : Effectivement, les délais de production sont très serrés et on va plutôt à contre sens du progrès. On travaille encore à la main avec beaucoup d'assistants là ou on pourrait utiliser l'ordinateur et aller bien plus vite !

Monsieur Katsura, sur quels projets travaillez-vous actuellement ?

Actuellement je ne travaille sur aucun projet !

Mademoiselle Watase, Nous sommes nombreux à penser que Fushigi Yugi aurait du s'arrêter au volume 13. Pourquoi avoir continué ?

Au départ, j'avais prévu de finir la série au volume 13. Cependant, à cause de son succès, on m'a demandé de rallonger le manga mais vous pouvez considérer que le manga s'arrête au volume 13 et que la suite est une histoire différente !

Monsieur Katsura, quel est le personnage que vous préférez parmi tous ceux que vous avez créés ?

Zetman.

Mademoiselle Watase, Monsieur Katsura, êtes-vous satisfaits de la manière dont vos œuvres ont été adaptées en série ?

Y.W. : Je considère mon manga et son adaptation comme 2 œuvres totalement différentes. Néanmoins, je trouve intéressant de retrouver mes personnages ou mes idées dans ces séries.

M.K. : Quelque part, je suis plutôt insatisfait, je préfère que vous consultiez l'œuvre originale !!

Monsieur Katsura, Pourquoi avoir travaillé sur Iria ?

Le réalisateur était mon sempai aussi comme nous nous entendions bien, lorsqu'il m'a demandé, j'ai accepté !

À quel âge avez-vous commencé à dessiner des mangas et à quel âge avez-vous commencé à être publié ?

M.K. : J'ai commencé à dessiner des mangas en primaire et j'étais publié dans le journal de l'école !

T.N. : Je ne me souviens plus de ce que je faisais à l'école mais je dessine des mangas depuis l'âge de 20 ans et suis publié depuis l'âge de 25 ans.

Y.W. ; Je "gribouille" depuis que j'ai 2-3 ans, je dessines des mangas depuis mes 5-6 ans et je suis publiée depuis que j'ai 18 ans !

Un français peut-il devenir mangaka au Japon ?

Melle Yalauchi, éditrice de Yuu Watase : C'est tout à fait possible, nous avons déjà des mangakas chinois et coréen. Alors, pourquoi pas des mangakas français, il faut simplement parler japonais couramment !

Pensez-vous que la traduction et l'adaptation de vos œuvres dans des langues étrangères puissent entrainer une perte au niveau de sens ?

M.K. : Oui, il y a surement une perte. Il y a des ambiances que l'on ne peut traduire, particulièrement dans les affaires de cœur !

Tonkam : Pour les traductions nous cherchons du personnel qualifié et motivé. Ensuite, chez Tonkam, nous travaillons en 2 étapes :
1/ Traduction brute du texte d'origine.
2/ Adaptation du texte, c'est alors plus une affaire de sensibilité que de sémantique.

Kana : En effet, lorsque nous travaillons, nous cherchons à respecter au maximum l'esprit original même s'il peut arriver d'avoir des problèmes !

Monsieur Nihei, l'univers de Blame est particulier. Pensez-vous qu'on le retrouve dans d'autres de vos mangas ou chez d'autres mangakas ?

Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de mangas comme Blame puisque j'ai essayé d'être original en l'écrivant !

Quel auteur ou œuvre aimeriez vous présenter ?

Y.W. : En ce moment, j'aime bien One Piece !

M.K. : Je ne lis pas beaucoup de mangas aussi je ne sais pas quoi répondre !

T.N. : . . .

Mademoiselle Watase fait du shojo qui plait aux garçons. Monsieur Katsura fait du shonen qui plait aux filles. Pensez-vous que dans l'avenir ce genre de constatations puissent influencer votre travail ?

Y.W. : Même si je fais du shojo, c'est surtout un moyen de classer mes œuvres car voyez-vous, j'ai grandi en regardant des dessins animés de styles très différents à la télévision. Aussi, je n'hésite pas à mettre de l'action ou de l'aventure dans mes mangas. Le principal étant que le public apprécie mon travail !

M.K. : Bien que je sois publié dans le magazine Weekly Shonen Jump au Japon, les filles font partie du public qui lit mon travail. Aussi, je ne suis pas surpris que ce soit la même situation à l'étranger. Vous savez, j'écris des histoires d'amour, cela concerne autant les filles que les garçons !

T.N. : Pour l'instant je n'ai écris qu'un seul manga. Et je l'ai écrit sans me préoccuper du sexe du lectorat. Je pense que je vais continuer dans cette voie et continuer à dessiner ce qui me plait !

Monsieur Katsura, que pensez vous de votre évolution graphique de Wingman à I's ?

Vous savez, il est dans la nature de l'être humain de s'améliorer quand il répète quelque chose. Ainsi, si parmi vous il y en a qui dessinent mais que vous n'aimez pas vos œuvres actuelles : persévérez, continuez. Et un jour, vous serez satisfait de votre travail !

Comme nous l'avons dit tout à l'heure, les rythmes de productions sont très élevés. Pensez-vous que dans l'avenir, vous pourrez baisser la cadence voire vous reconvertir ?

Y.W. : Je n'y ai jamais réfléchis et à vrai dire, je veux pouvoir dessiner aussi longtemps que possible !

M.K. : C'est une question vraiment inquiétante dans la mesure où je ne sais même pas ce que je ferai dans un an !

T.N. : À vrai dire, pour l'instant je ne suis pas encore "à fond" ! Et de toutes façons, je ne suis pas du genre à faire des nuits blanches pour mes dessins !!

Concernant les traductions et adaptations pour l'étranger, avez-vous des exigences particulières ?

M.K. : Ce que je n'aime pas, dans les traductions US par exemple, c'est l'inversion de planches ! J'aimerais que le monde entier lisent les mangas dans le sens japonais !

Y.S. : Je tiens à préciser aux fans que les éditeurs japonais surveillent de près le travail que nous effectuons sur les mangas. C'est d'autant plus surprenant qu'en Europe, lorsqu'on vend les droits pour une série à un pays étranger, on ne s'en préoccupe plus ! Je tiens aussi à préciser que chez Kana, nous publions les mangas en sens japonais !

Etes-vous influencés par d'autres auteurs ou d'autres courants de la BD dans le monde ?

Y.W. : Plus qu'influencée, je dirais que je les trouves intéressants, amusants ou stimulants !

M.K. : J'aime beaucoup Batman !
Et je connais Moebius et Bilal, c'est à peu près tout ! Mais j'estime beaucoup ces gens-là et ils m'impressionnent.

T.N. : Moi aussi, j'aime beaucoup la bande dessinée et j'en lis. Malheureusement, il y a peu de traductions au Japon. Aussi, souvent je ne peux que regarder les dessins. Mais si cela me plait alors je l'achète !

Donc, voyez-vous une influence particulière au niveau de votre travail ?

Y.W. : Comme je vous le disais tout à l'heure, j'ai beaucoup regardé les dessins animés à la télévision quand j'étais plus jeune. Il est donc évident qu'ils m'ont influencés.

M.K. : Pareil, les dessins animés à la télévision. En dehors de cela, il est vrai que des fois, en lisant tel ou tel manga, je vais me dire "Oui, ça c'est bien ,je devrais faire ce genre de plan !" ou lorsque je vais dessiner je vais me rappeler quelque chose que j'ai vu et qui m'a plu. Néanmoins, cela reste marginal et très clairsemé. Il n'y a aucun auteur dont je m'inspire complètement. Aussi, si je devais citer un nom en particulier, je ne saurais pas.

Monsieur Katsura, Si on vous demandait de jouer Batman au cinéma, accepteriez-vous ?

Oui, évidemment !

Monsieur Katsura, comment se porte votre chien ?

Il m'attend chez moi et il me manque !

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